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Publié le 06/09/2017
Depuis 30 ans, la production de miel français chute dramatiquement, au rythme de la mort de nos abeilles. Conséquence ? Au vu de la consommation française annuelle, les exportations de miel sont inévitables, et les contrebandiers également...
Production de miel français en 2016 : 9 000 tonnes (plus bas historique).
Consommation française annuelle moyenne de miel : 45 000 tonnes.
Il est donc nécessaire d'importer chaque année plus de 30 000 tonnes de miel. De quoi attiser les apiculteurs les moins scrupuleux, qui n'hésitent pas à trafiquer leur miel pour gonfler leur production et répondre à la demande de leurs clients.
Il en existe 2 types :
« Le marché du miel est profondément malsain », s’indigne Joël Schiro, président du Syndicat des producteurs de miel de France (SPMF). « Certains apiculteurs sont des orpailleurs ou des ferrailleurs dans le meilleur des cas, et des contrebandiers dans le pire », renchérit Philippe Lecompte, apiculteur dans la Marne et président du réseau Biodiversité pour les abeilles. source Les Echos
Conséquence pour la santé ? L'usage des pesticides et antibiotiques n'est pas régi de la même façon à travers le monde. Leurs résidus se retrouvent alors sans complexe dans le miel posé sur nos tables.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, aucune traçabilité n'est obligatoire en ce qui concerne la production de miel. Il est donc possible pour les industriels de rassembler plusieurs crus issus de France et de navarre (moins chers) en apposant uniquement le ou les pays d'origine où il a été récolté. Car la réglementation européenne n'impose que cette seule information sur l'étiquette, permettant même un terme plus générique de "mélange de miels originaires ou non de la Communauté européenne (CE)".
Mais encore faut-il que ce mélange d'origines soit ainsi mentionné. Car il n'est pas rare que des apiculteurs procèdent à ces mauvaises pratiques en apposant uniquement leur nom sur l'étiquette, et aux oubliettes la provenance.
Petit-fils d’apiculteur et à la tête du leader européen de la vente de miel Famille Michaud Apiculteurs, Vincent Michaud juge que ce sont « les vendeurs de miel sur le bord des routes ou sur les marchés qui échappent à tout contrôle » qui posent problème. Source Les Echos
La Chine nous fournit 7.200 tonnes de miel, soit 1/4 de nos besoins d'importation. A un coût de 1,60 € le kilo en moyenne, on comprend aisément l'attrait de nos soit-disants producteurs "locaux" pour en insérer dans leur propre miel.
Rappelons qu'avec le vin et l'huile d'olive, le miel fait partie des trois denrées agricoles les plus contrefaites au monde.
Norberto Garcia observe que, depuis 2007, les exportations de miel chinois ont quasiment doublé, pour atteindre 144.000 tonnes. Or, parallèlement, le nombre de ruches n’a progressé que de 13 % dans l’empire du Milieu. Etonnant !
« Nous savons que des miels chinois sont reconstitués artificiellement, à partir de sirops de maïs ou de riz et enrichis avec des pollens. Cette production est suffisamment élaborée pour que les analyses de routine ne puissent pas détecter la fraude », indique Henri Clément.
« A première vue, seul un maximum de 15 % du miel chinois correspond à notre définition du miel », déclarait en janvier Etienne Bruneau, responsable de la commission qualité au sein d’Apimondia, la fédération des syndicats d’apiculteurs dans le monde, au site Reporterre. Source Les Echos
Face à ce business de 400 millions d'euros, une évolution de la réglementation européenne est essentielle. Le Réseau Biodiversité pour les Abeilles (RBA) interpelle à ce sujet les pouvoirs publics sur la constitution d'un plan apicole.
"La réponse à la crise apicole passe par une action coordonnée entre l'ensemble des acteurs : apiculteurs, agriculteurs, vétérinaires, industriels, scientifiques, ONG, citoyens et pouvoirs publics" concluait le RBA à l'occasion de la 6ème édition de la Semaine européenne des abeilles et de la pollinisation - Bee Week - qui s'est tenue fin juin à Bruxelles. Source Le Figaro.
Enfin, la mise en place de la traçabilité au rucher et en miellerie est techniquement rendue possible par l'installation de ruches connectées. Géolocalisation des ruches, suivi des courbes de production de miel, enregistrement des traitements sanitaires... Tout est consigné dans le carnet de suivi électronique, facilement mis à disposition des industriels. A cela s'ajoute la traçabilité du miel une fois extrait : les crus obtenus, les numéros de lot et les éventuels mélanges... De quoi rassurer le consommateur lorsqu'il verra apposé sur l'étiquette de son pot : "miel connecté".
Sylvia Caron