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Publié le 27/01/2016
Le Sénat examinait cette semaine en première lecture le projet de loi “pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages". Label Abeille revient sur l'épineux point des néonicotinoïdes et vous explique pourquoi le dossier des pesticides est bien plus compliqué qu'il n'y parait.
Rappel du projet de loi :
Le texte fut amendé sur plusieurs points, dont celui des néonicotinoïdes, alors même que les députés avaient voté leur interdiction à compter du 1er janvier 2016. Et pourtant :
« Ces molécules neurotoxiques ont un impact avéré sur les abeilles domestiques, mais aussi sur les pollinisateurs sauvages, voire les vers de terre qui sont essentiels à la santé des sols », commente Joël Labbé, sénateur EELV du Morbihan. (source www.la-croix.com)
Si le Sénat n’a pas adopté l’interdiction complète des néonicotinoïdes comme les écologistes l'espéraient, ils ont simplement encadré leur utilisation, suivant les recommandations de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Dans les trois mois suivant la promulgation de la loi, le ministre de l’agriculture aura ainsi pour mission de rédiger un arrêté déterminant les conditions d’utilisation des molécules, en tenant compte des « conséquences sur la production agricole »...
Si députés et sénateurs ne trouvent pas de terrain d’entente, une commission mixte paritaire aura la charge de trouver un compromis, faute de quoi le projet de loi reviendra devant les parlementaires, repoussant d’autant son entrée en vigueur...
Extrait de l’interview de Ségolène Royal donnée à Libération :
Libération : Repenser le système agricole ne permettrait-il pas de se passer de toute substance toxique ?
Ségolène Royal : “Oui, mais il ne faut pas voir les choses de façon trop radicalisée. Le Sénat a quand même voté un amendement dans lequel figure le mot «néonicotinoïdes», où l’Anses est citée, où il y a déjà l’hypothèse d’interdire des substances. C’est une avancée forte qui va permettre d’agir au plan européen.”
Difficile de se réjouir d'une simple citation du mot "néonicotinoïdes" dans un amendement alors qu'ils sont connus pour leur effets dévastateurs sur le système nerveux des insectes et des oiseaux en remontant la chaine alimentaire.
La guerre contre les pesticides est déclarée, mais les néonicotinoïdes ne sont qu'une bataille.
La Commission européenne a récemment provoqué la stupeur : l'utilisation du flupyradifurone (mise sur le marché prévue en 2017 par Bayer), fut approuvée et cela sans qu'aucune réelle étude de sa potentielle toxicité pour les abeilles n’ait été menée.
Bayer CropScience, développeur de ce nouvel insecticide, le juge «plus sécuritaire pour les abeilles» que les néonicotinoïdes, dont la toxicité n'est plus à démontrer. Argument réfuté par les scientifiques : le flupyradifurone ressemblerait chimiquement aux néonicotinoïdes et pourrait en avoir les mêmes effets. Même l'Autorité européenne de sécurité des aliments a admis qu'un «risque élevé par la voie d'exposition orale ne pouvait être exclu».
A ce jeu du chat et de la souris, la route peut être longue. Alors comment mettre un terme à cette course effrénée vers de nouvelles molécules ? Et comment recentrer le débat sur notre cause commune : l'alimentation de nos futures générations ?
Toujours dans le cadre de la loi "Biodiversité", la création d’une Agence française pour la biodiversité (AFB) fut votée. Cet établissement public regroupera les 1 200 agents des structures suivantes : l’Office national de l’eau et des milieux aquatiques, l’Atelier technique des espaces naturels, l’Agence des aires marines protégées et les Parcs nationaux de France. A cela s’ajoute un rôle d'information et de conseil sur l’utilisation des pesticides.
Au-delà de la simple interdiction de l'utilisation des pesticides en masse sur les cultures, ce sont deux familles d'exploitants agricoles qu'il serait bon d'orienter dans la même direction, plutôt que de les placer de part et d'autre d'un filet. Car agriculteurs et apiculteurs mènent bien le même combat : que nous puissions tous continuer à garnir nos assiettes de fruits et légumes. Le ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll commente :
« Je ne suis pas favorable à l’amendement sénatorial. Il laisse à penser qu’il suffirait d’interdire les néonicotinoïdes et les produits phytosanitaires pour régler le problème des abeilles, ce qui n’est pas vrai. Par ailleurs, une telle décision ne peut être prise que s’il existe des alternatives pour les agriculteurs. Il y en a parfois, mais pas pour toutes les cultures. Dès lors, les agriculteurs risqueraient de revenir à des pratiques encore plus problématiques que les enrobages et moins efficaces. Je dois trouver un équilibre entre toutes les filières. » (source www.la-croix.com)
Reste à espérer que l'AFB, qui verra le jour aussitôt la loi promulguée, ira au-delà du rôle informatif sur les pesticides qui lui a été attribué, et se dirigera vers la promotion d'agriculture raisonnée, comme le préconise déjà l'Anses :
- en évitant de semer des plantes attirant les abeilles sur une parcelle précédemment traitée aux néonicotinoïdes
- en ne semant des céréales d'hiver traitées qu'en période hivernale pendant laquelle les abeilles restent dans la ruche.
L'AFB sera le deuxième grand opérateur de l’État en matière d’environnement après l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe).
Label Abeille mène une action concrète contre la disparition des abeilles en mettant sur le marché un produit innovant qui permettra aux apiculteurs de garder, à distance, un oeil sur leurs ruches 24/24h.
Car les traitements chimiques tuent nos abeilles ou provoquent des troubles pouvant entrainer leur mort : désorientation (l'abeille ne retrouve pas sa ruche), affaiblissement des organismes (insectes plus sensibles aux virus et parasites), diminution de la productivité.... L'anticipation de leurs comportements anormaux, signalés par la ruche connectée via le site internet et l'application mobile, aidera l'apiculteur à agir en conséquence pour ne pas perdre la totalité de ses essaims.
Rejoignez-nous dans la lutte contre la disparition des abeilles en signant la pétition destinée à Ségolène Royal, pour protéger les abeilles plutôt que les profits de l'industrie agro-chimique.
SIGNEZ LA PÉTITION
Sylvia Caron